Cali : artiste interprète
Augustin Charnet : claviers
« Je suis très excité de repartir en mars sur la route avec un nouveau disque, une nouvelle équipe, une nouvelle vie. Un vrai gamin !
Les nouvelles chansons qui arrivent parlent surtout d’amour et de lumière. De jeunesse sauvage, et de course effrénée vers la pureté. Ce n’est pas un hasard si le mot heureux revient et revient encore dans les textes. En tous cas, même si les gens ne passent qu’à côté de mon album, ils se brûleront à l’incendie qui ravage mon ventre. J’ai écrit la musique avec un jeune pianiste de génie, Augustin Charnet, compositeur touche-à-tout, surdoué, notamment avec les dernières technologies. Il m’accompagnera sur la route avec deux autres musiciens dans une formule inédite pour moi. Cette nouvelle meute ivre de folle jeunesse m’offre aujourd’hui des perspectives tellement excitantes. Encore une fois, je repars heureux sur la route et si c’est ma dernière ligne droite, je vais la prendre à fond... Cavale, ça veut dire s’échapper !
Je vous embrasse. » Cali
Certains disent qu’il est fou,
D’autres, qui le détestent moins, appellent cela une courageuse fureur,
Mais la vérité est, qu’il ne parvient pas à maintenir la démesure de ses rêves, Dans les limites de la règle.
MACBETH – SHAKESPEARE
On croit tout savoir de Cali : son succès (faussement) immédiat, son histoire personnelle marquée par le décès prématuré de sa mère lorsqu’il avait six ans, son attachement à sa belle région et sa ville natale de Vernet-Les-Bains, ses concerts fleuves qui le laissent à la limite de l’épuisement (car il est ainsi, il donne tout sans compter, jamais).
Ce que l’on sait moins, c’est qu’il est un artiste, au sens large du terme et que le format de la chanson est bien trop réducteur pour ne fût-ce qu’entrevoir les contours de la qualité de son expression.
Écrivain, metteur en scène, acteur, chanteur et compositeur, il est multiple et prolixe, fuit les classifications et n’a de cesse que d’échapper au formatage en règle d’une société du loisir friande de cases et de nomenclature.
Cavale son nouvel album est né de cette volonté, pour la première fois, d’embrasser les multiples facettes de son art, car Cavale n’est pas qu’un recueil de chansons, c’est également un court métrage, une nouvelle et un livre ; pièces d’un puzzle multiple aux clés disséminées qui se révèle dans sa cohérence en prenant connaissance de l’ensemble.
Une œuvre d’art protéiforme, exigeante et sincère, où la remise en question et le sens de la vie sont au centre du questionnement.
Si la gestation du projet s’est faite dans l’intimité d’une rencontre, celle de Cali avec Augustin Charnet jeune réalisateur et musicien surdoué de 24 ans déjà responsable de la réalisation du dernier Christophe, et si les bases ont été posées dans un modeste home studio de Montreuil
Cavale a néanmoins été finalisé à ICP, le mythique studio Bruxellois. Philippe Entressangle (Batterie), Thomas Clairice (Basse), Corentin Apparailly (Cordes), Goeffrey Burton et Théophile Antolinos (guitares) notamment, rivalisent de virtuosité pour donner vie et modernité à cet ambitieux album. Le mix ayant été réalisé à Paris au studio Ferber par Olivier Leducq (Miossec, ...).
Ce qui n’est pas si fréquent, c’est la présence de Cali et d’Augustin à chaque étape du processus, pointilleux à l’extrême, se refusant à lâcher, ne fut ce qu’une once de terrain dans leur création, le binôme a été au bout de son exigence, ce qui explique certainement la cohérence de l’ensemble malgré la multiplicité des ambiances et des couleurs de la palette de Cavale.
En 11 titres, Cavale réussit le mariage improbable de la carpe et du lapin, le meilleur de la tradition française de la chanson à texte et de l’exigence harmonique de la pop anglo- saxonne, mais finalement rien d’étonnant de la part de quelqu’un qui vénère The Waterboys tout autant que Ferré.
De « Cavale » le titre éponyme, sublime ‘fugue’ tout en délicat pizzicati, dentelle de composition pour raconter l’amour fou de deux héros ordinaires, âmes cabossées dans le flot des émotions de la vie, à « 15 ans » qui clôt l’album sur une ode à l’adolescence éternelle, cette nouvelle œuvre (incluant le court métrage, la nouvelle, le livre) est un voyage intérieur universel où pour paraphraser son auteur :
C’est un papillon noir la plus belle chanson
Elle parle de l’espoir ou de la mort au fond
Elle parle de l’amour
Elle parle d’une larme
Qui pousse ou bien qui fond
Si « C’est avec un couteau qu’on fait une chanson » (où l’on découvre un Cali surprenant à la limite du slam), c’est avec un couteau à beurre que Cali sculpte les siennes, tellement l’amour de l’autre transpire tout au long de cet album pétri d’humanisme et d’affection pour les ‘gueules cassées’ du quotidien.
Et cet amour de la vie, malgré les vents contraires, les violences ordinaires, les traumas originels, est le mantra qui sous-tend tout l’album, ce que résume parfaitement le premier single « Je dois encore vivre » titre rare dans le paysage français actuel, entre électro aérienne et rock pulsionnel.
À noter, la présence du cultissime Tom Barman, chanteur du légendaire groupe Belge dEUS, qui vient offrir un contre point émouvant sur « Sois doux », fausse comptine pop, à la saveur indéniablement aigre douce.
Autre point d’orgue de cet album qui n’en manque pas, « Viens avec moi » en duo avec la jeune chanteuse Mathilda (After Marianne), transe tribale, qui convoque beat hypnotique et banjo sautillant dans une fête païenne de 2’40’’. Il est impossible de ne pas sentir son être bouger à son écoute.
Nous pourrions toutes les passer en revue, tant l’œuvre est complexe et riche, ajoutons quelques mots simplement pour parler du court métrage (car la notion de « clip » au sens classique n’a aucun sens ici).
Réalisé par Cali et Yann Orhan, il raconte l’histoire d’une meute de jeunes êtres au confluent de l’existence, dans ce moment où se perdre devient si facile, où une main tendue peut faire la différence et où l’espoir côtoie la déraison. Ce moment où il faut se tenir pour devenir et ne pas sombrer.
L’espoir, l’amour, la vie, l’humain... quitter la promesse mortifère d’un monde sans âme pour s’élever et résister.
Finalement Cavale ça veut bien dire s’échapper.
Avec le soutien de la ville Les Herbiers (85)