Dans cet étrange et envoûtant chef-doeuvre, Fritz Lang joue avec les codes du film noir et allonge ses personnages maudits sur le divan du psychiatre. Avec sa mise en scène sûre et précise, ainsi quune superbe photographie noir et blanc, Lang opte pour la stylisation épurée en façonnant habilement un climat onirique empreint de mystère et fantasmes, et empruntant beaucoup à lexpressionisme allemand.
Dans un vrai tour de force artistique, il prend le spectateur au piège des chimères et apparences. La femme au portrait en question, interprétée par Joan Bennett, nest pas vraiment à limage de la sempiternelle femme fatale, mais au contraire présenté comme une simple victime des circonstances au même titre que le personnage du professeur, interprété par Edward G. Robinson, littéralement emmuré dans ses convictions scientifiques. Ici le cadre du fascinant portrait, une image dans limage, est comme propagé à linfini dans la prolifération de vitres, de miroirs, de portes, de tout type dencadrements qui prennent place dans le cadre même de lécran, et sont là comme pour multiplier dans un kaléidoscope cauchemardesque les
frontières tangibles entre rêve et réalité.
Les spectateurs détenteurs dun ticket de concert (du Festival Touch of Noir) bénéficient de lentrée gratuite aux séances de cinéma.