Le spiritualisme noir d'Ingmar Bergman, les désillusions dramaturgiques d'August Strindberg et, plus près de nous, les romans noirs de Henning Mankell et Hakan Nesser, pèsent lourd sur l'imaginaire créatif suédois. Quand le polar scandinave rencontre l'americana tourmentée, il en résulte un climat trouble distillé par une musique en l'occurrence étrange voire fantomatique. Véritable cowboy nordique, le Suédois Christian Kjellvander affirme son attrait pour la mélancolie des grands espaces et des grandes solitudes et couche ses noirs états dâme sur dimpressionnants arrangements musicaux. Songwriter inspiré, influencé sur ses bords poétiques par Leonard Cohen voire le Bruce Springsteen du "Ghost of Tom Joad", Kjellvander excelle également à inventer de sombres histoires autour de personnages singuliers peuplant un univers glauque mais non dénué d'espoir. C'est de la country crépusculaire, descendant en ligne indirecte des balades déchirantes d'un Hank Williams, traversée par des accents de rock rugueux et fiévreux, et magnifiée par une voix habitée et caverneuse.