Issu du monde trouble des déclassés et des petits voyous, natif des faubourgs miséreux, le tango argentin, danse canaille au départ, s'est fait de plus en plus grave avec le temps. Evoluant de la danse vers la chanson et la musique tout court, le tango est devenu la plainte de l'âme en peine, une lamentation sur le temps qui passe, un cri de désespoir et de rage. Le tango exprime le mal de vivre, l'angoisse, la dérision, l'absurde et l'euphorie. Le tango est la musique noire du peuple argentin. Mais le tango comme le jazz, surgis à la même époque, ne sont plus des musiques vernaculaires, elles font désormais partie du patrimoine universel.
Silvana Deluigi, enfant du rock dont elle aime l'énergie dans sa version argentine, a découvert dans le tango tout un potentiel d'aventures et d'expérimentations. Silvana Deluigi est devenue une chanteuse de tango originale sous l'influence d'Astor Piazzolla et du jazz. Souvent épaulée par Juan José Mosalini, elle s'est construit un répertoire sur mesure, allant de thèmes classiques arrangés sans fausse timidité, au tango nuevo noir, littéraire et poétique. Juan José Mosalini est un des maîtres majeurs du tango de l'époque moderne. Il est connu en Europe comme l'un des rares bandonéonistes capables de faire vivre actuellement le tango sous toutes ses formes, des origines au contemporain.