Considéré à ses débuts comme l’un des descendants directs de Miles Davis, le trompettiste suisse erik Truffaz sut, dès 1998, se frotter à la diversité, en empruntant les chemins du rap, du rock, et de l’électro. Il voue la plus parfaite admiration à Jon Hassell et lui emprunte parfois un jeu minimaliste, les ponts jetés entre primitif et moderne, et le goût de l’architecture complexe du son. Erik Truffaz apparaît au grand public comme un artiste majeur du jazz européen en 1998 grâce à l’album The Dawn, fascinant essai mêlant jazz, drum ‘n bass et hip-hop. Le CD sera salué comme un des albums les plus novateurs des années 90. Dans son projet « Paris », le trompettiste crée un tableau sonore lugubre de la mégalopole française. La violence contenue mais aussi la torpeur des banlieues sordides et des cités-satellites se reflète parfaitement dans une musique tantôt langoureuse, tantôt enfiévrée. Truffaz fait parler le silence oppressant d’un non-lieu qui donne le vertige par la mixité de ses cultures et de ses musiques. En compagnie de l’extraordinaire rappeur et beatboxer Sly Johnson et du toujours imprévisible batteur Philippe garcia, il évoque avec un minimum de moyens instrumentaux, mais souvent avec humour un monde délicatement désespéré où les sonorités stridentes de la trompette percent parfois comme des lueurs éclatantes.