« Il nest pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, quune femme étudie et sache tant de choses
»
Il est très étonnant que lauteur, en 1662, de « LEcole des Femmes » -où il plaide pour laccès à léducation des jeunes filles-, pouvait écrire dix ans plus tard cette curieuse pièce-charge contre les femmes « savantes » !
Mais prend-t-il vraiment parti pour Chrysale quand celui-ci querelle sa femme, trop affairée à étudier les planètes et admirer la poésie pour soccuper des affaires de la maison ? Ou pour le jeune Clitandre qui conseille aux femmes de bien cacher leur savoir si elles veulent plaire aux hommes ? Molière pensait-il réellement que les études ne convenaient pas au genre féminin ? Un Molière sexiste et misogyne ?
Nous avons eu envie de jeter un autre regard sur cette comédie. Jai toujours eu beaucoup de tendresse pour ces femmes savantes : Philaminte, Bélise et Armande, qui osent quitter le rôle assigné aux femmes et sélancent avec une folle énergie vers les sphères enivrantes de la science et du savoir. Entourées dhommes attachés au maintien de lordre traditionnel et qui voient avec stupeur leurs femmes, filles et surs leur échapper, elles avancent bravement sur des chemins nouveaux. Bien sûr, elles se trompent parfois, sont maladroites ou exagèrent, mais une révolution peut-elle se faire sans quelques excès
? Sagirait-il alors dun message démancipation caché en plein siècle corseté de Louis XIV ?
Un beau sujet de réflexion, et puis
quel plaisir de retrouver la verve inimitable de Molière et sa profonde humanité dans cette grande, merveilleuse, drôle, féroce et touchante comédie !