Francesco Bearzatti a été élu Meilleur Talent de lannée 2003 par la critique italienne. On le connaissait surtout comme talentueux sideman dAldo Romano et de Gianluca Petrella. Son nouvel album, (Disque démoi Jazz magazine mars 08), vient de confirmer quil est aussi un leader des plus inspirés.
Cette véritable suite orchestrale retrace la vie tumultueuse de la photographe et actrice italienne Tina Modotti (1896 1942), qui émigra de son Frioul natal pour les Etats-Unis, puis le Mexique, avant de partir en URSS et de sengager aux côtés des Républicains dans la guerre dEspagne. Chacune des étapes de ce périple est évoquée de manière très directe et percutante, sans céder aux facilités du folklore façon « couleur locale ». Au-delà de la grande qualité des compositions, ce sont la beauté ensorce- lante de la musique et la cohésion du quartette qui frappent. La rythmique est des plus efficaces, avec un côté rock renforcé par lutilisation de la guitare basse.
Bearzatti est un fonceur qui se retient, donnant ainsi à son jeu une énergie captivante. Dun côté il saffirme comme un saxophoniste puissamment expressif, au son chaud et riche, de lautre il se révèle clarinettiste volubile, confirmant limportance de la clarinette dans le jazz daujourdhui, toute de vigueur, de nerf et dotée dun lyrisme nouveau. Giovanni Falzone est lui aussi une révélation : un trompettiste fou furieux à la sonorité sale et brûlante, revendiquant haut et fort un expressionnisme sans concession. Dans les meilleurs moments, tout ce petit monde déploie une énergie et une puissance qui évoquent le quartette Masada de John Zorn.