Shabaka Hutchings, sax, clarinet, compositions
Theon Cross, tuba
Sebastian Rochford, drums
Tom Skinner, drums
“One of the most original ensembles in recent British Jazz” - Jazzwise
As visceral as a rock group, as serenely sensual as a ska band, as rootsy as a percussion choir and as instrumentally hip as a post-bop outfit - The Guardian
Their tub-thumping stylistic mash-up combines New Orleans, African, Caribbean and dub sounds, with some scorching improve thrown in for good measure. Highly recommended. - Time Out
La Nouvelle Vague du jazz anglais vient de débarquer en Europe continentale. Quartet des plus puissants, le groupe du saxophoniste-clarinettiste Shabaka Hutchings est une des formations les plus adulées de la scène britannique de ces dernières années. Dispensé de la basse classique que remplace à bon escient un tuba sombre et percussif, entouré par deux batteries fonctionnant comme des tambours africains à la dérive, Hutchings occupe le devant de la scène comme un agitateur d’une école nouvelle, celle d’un jazz sauvage méticuleusement organisé.
Les styles se mêlent assurément dans les sonorités souvent inédites et surprenantes du groupe. Les Caraïbes stridentes, l’Afrique noire comme dans les romans éponymes, la Nouvelle Orléans funambule et funéraire, colorent le quartet de leurs sinistres et éboulantes teintes.
Ce qui fait l’originalité des Sons of Kemet, en fin de compte, ce ne sont pas tant les entrées en matière fracassantes menées tambours battants, ni les attaques fiévreuses et survoltées de Hutchings, mais en fait cette liberté et, de l’autre versant, ce contrôle de tous les instants qu’assument les musiciens tout au long des leur odyssée commune à travers des décennies de jazz mondial. C’est un de ces ensembles assez clairsemés qui vous font entendre un peu plus que la seule musique, qui transforment les notes en images, les images en syllabes, et en sortent un discours à la limite du manifeste. L’intensité du mouvement sonore efface les frontières, s’il en existait encore, entre dissonances, harmonie et bruitage, pour en former une félicité musicale étrange et immédiate.
Les origines de Shabaka Hutchings, leader-concepteur du groupe, replongent tant dans la mégalopole tentaculaire de Londres que dans les jungles urbaines et naturelles de Barbados. Le saxophoniste nomade parle souvent, verbalement et plus encore en termes musicaux, de ses déracinements, de ses quêtes deboussolées. Dans le mouvement migratoire qui a façonne sa personnalité, il se considère comme le bâtard qui a importé les sédiments, les scories et les impuretés qui en fait transforment sa musique en pureté nouvelle discordante. Entre esclavage héréditaire et liberté artistique conquise, la dialectique de ces fils du “pays noir” exprime un désarroi jubilatoire tout contemporain.