Yves Thouvenel, direction de lecture
avec
Heidi Brouzeng
Chantal Gobert
Nadine Ledru
Françoise Markun
Mawen Noury
Une coproduction de la Compagnie Transversales (France)
Soutien : Centre culturel régional opderschmelz - Centre de Documentation sur les Migrations humaines a.s.b.l. - Service de l'Egalité des chances de la Ville de Dudelange
Charlotte Delbo, dont on a célébré le centenaire de sa naissance en 2013, fut secrétaire de Louis Jouvet et résistante. Elle était une des 230 femmes qui, dans le Convoi du 24 janvier, partirent en 1943 de Compiègne pour Auschwitz. Ce fut le seul convoi de femmes françaises déportées pour faits de Résistance.
Ecrivaine de grand talent, à son retour elle décrira son enfer, ainsi que celui des 229 autres femmes du convoi, dans une Trilogie « Auschwitz et après » (© Editions de Minuit )
« Aux Etats-Unis, elle est considérée comme l'équivalent d'un Primo Levi. En France, son oeuvre littéraire et théâtrale est lue et jouée depuis quarante ans. Mais qui connaît réellement Charlotte Delbo, morte en 1985? (...) Secrétaire de Louis Jouvet, résistante communiste, elle est arrêtée en 1942 par la police française en compagnie de son mari, Georges Dudach, fusillé quelques mois plus tard. Elle a 28 ans et lui dit adieu dans une cellule de la prison de la Santé. Ce qui l'attend, elle, c'est la déportation: elle fait partie du convoi du 24 janvier 1943, le seul convoi de femmes politiques à avoir jamais été envoyé à Auschwitz. Sur les 230 déportées, seules 49 reviennent, après 27 mois de captivité. Charlotte Delbo se jure alors d'être celle qui témoignera de l'incroyable sororité qui les a unies et leur a permis de survivre. Dans toute son oeuvre - en prose ou en vers -, elle dit et célèbre le courage de ces femmes. Militante passionnée des droits de l'homme, elle ne cessera plus de combattre les injustices et de mettre sa plume au service des plus faibles. Charlotte Delbo, une conscience dans le siècle. »
(texte de présentation de la biographie de Charlotte Delbo par Violaine Gelly et Paul Gradvohl, Fayard, 2013)
“Une voix qui chuchote, déchirante. Un chuchotement à fleur de vie et d’horreur. Cette voix une fois entendue vous obsède, ne vous quitte plus. Je ne connais pas d’œuvre comparable à celle de Delbo, sinon Guernica, sinon le film Nuit et Brouillard, même pudeur, même déchirure, même atroce tendresse, chez cette femme, chez Alain Resnais. Cette douloureuse et bouleversante incantation est de ces livres rares qui laissent soudain le lecteur en pays étranger à lui même.”
François Bott ( L’Express)
A l’occasion de sa commémoration, en France mais aussi au Luxembourg, en Pologne, en Angleterre, en Italie, se déroulent de nombreux événements autour de son œuvre et de son témoignage.
L'histoire des déportés du convoi du 24 janvier 1943 a des liens avec le Grand-Duché de Luxembourg. L’une des femmes du convoi, Anna Karpen, épouse Jacquat, était native de Gilsdorf, commune de Bettendorf, et a émigré en France, comme beaucoup de jeunes Luxembourgeoises.
Vittoria Nenni, épouse Daubeuf, dite "Viva", était la fille du dirigeant socialiste italien Pietro Nenni, exilé en France, qui a séjourné plusieurs fois au Luxembourg pour soutenir la lutte antifasciste dans les années 1930. Enfin, à Ravensbruck, les survivantes du Convoi du 24 janvier côtoyent les déportées luxembourgeoises.
Ce point sur la carte Cette tache noire au centre de l'Europe cette tache rouge cette tache de feu cette tache de suie cette tache de sang cette tache de cendres pour des millions un lieu sans nom. De tous les pays d'Europe de tous les points de l'horizon les trains convergeaient vers l'in-nommé chargés de millions d'êtres qui étaient versés là sans savoir où c'était versés avec leur vie avec leurs souvenirs avec leurs petits maux et leur grand étonnement avec leur regard qui interrogeait et qui n'y a vu que du feu, qui ont brûlé là sans savoir où ils étaient. Aujourd'hui on sait Depuis quelques années on sait On sait que ce point sur la carte c'est Auschwitz On sait cela Et pour le reste on croit savoir. Charlotte Delbo |